TECHNIQUE DE LA BARBOTINE
En maçonnerie, l’une des propriétés essentielles permettant d’assurer la pérennité d’un projet est l’adhérence entre le mortier et l’unité de maçonnerie. Ce « liaisonnement doit permettre de renforcer les propriétés structurales des éléments et en même temps empêcher la pénétration de la pluie. Ceci exige une adhérence complète. Si elle est réalisée, le mur aura une durabilité suffisante pour résister aux éléments ». *
Comme le souligne la norme canadienne sur les mortiers et coulis, non seulement faut-il une bonne résistance, mais également « une adhérence durable ». **
La qualité de cette adhérence est soumise aux contraintes émanant de diverses variables. Parmi ces variables, on rencontrera le taux d’absorption des unités de maçonnerie. Pour qu’il y ait adhérence, il est essentiel que l’unité de maçonnerie absorbe une partie de l’eau contenue dans le mortier. Le principe est simple, en absorbant une certaine quantité d’eau, l’unité de maçonnerie aspire du coup les fines particules contenues dans le mélange pour former un lien solide.
Lorsqu’on visualise que chaque grain de sable contenu dans le mortier, qui entre directement en contact avec l’unité de maçonnerie, représente un point où il n’y a pas de lien, (fig. 1) on comprend mieux l’importance du phénomène.
Or, certains éléments de maçonnerie proposent un taux d’absorption si faible, que cette absorption des particules fines est pratiquement impossible. Malheureusement, pour contrer cette non-absorption de l’eau par les unités de maçonnerie, les maçons auront tendance à ajouter moins d’eau au mélange, diminuant ainsi la manoeuvrabilité du mortier et rendant l’adhérence complète et durable plus difficile.
Le cas des pierres de granite
Parmi les types de parement qui ont un très faible taux d’absorption, on retrouve les pierres de granite. En présence d’un élément ayant un taux initial d’absorption si faible, il faut trouver des techniques qui aideront à créer un liaisonnement complet et durable. La technique de la barbotine est une technique qui aide à accentuer l’adhérence et vient compenser pour l’absence d’absorption initiale de l’élément. Cette technique consiste à délayer du ciment Portland pur - de type GU - avec de l’eau pour en former une texture légèrement moins fluide qu’un coulis. Le mélange ainsi obtenu, la barbotine, s’applique directement sur les pierres à l’aide d’un pinceau ou d’une truelle.
En appliquant une barbotine sur la surface entière de la pierre, on s’assure d’une adhérence complète. Le contenu en air du ciment Portland étant plus bas que celui d’un mortier, on s’assure d’une plus grande surface de contact entre le ciment et la pierre. D’une épaisseur minimale de 1/8 de pouce, la barbotine permet aux grains de sable contenus dans le mortier de venir s’intégrer dans le liant et non d’être en contact directement avec la pierre, diminuant du coup le nombre de points de contact entre le sable et l’élément (fig. 2). Les grains de sable ainsi bien ancrés dans la barbotine augmentent la résistance du lien.
TECHNIQUE DE BARBOTINE :
■ Mélanger du ciment Portland, type GU, à de l’eau.
■ Appliquer cette barbotine à toute surface destinée à être en contact avec du mortier.
■ Laisser sécher légèrement la barbotine avant d’appliquer le mortier. La barbotine est prête à recevoir le mortier lorsqu’elle a perdue son côté luisant, mais qu’elle est toujours collante au toucher.
■ Attention, si la barbotine sèche complètement, il faut recommencer.
■ *CBD-163-F. Mortiers pour maçonnerie. Publication de l’IRC-CNRC, 1975
■ ** CSA A179-14 Mortier et coulis pour la maçonnerie en élément, P.41.