MIEUX CONNAÎTRE LE TERRAZZO

C’est à Venise, en Italie, il y a de ça déjà plusieurs centaines d’années que le tout premier système de plancher de terrazzo a pris forme. Ce système a su traverser temps et marées et il est encore utilisé au­jourd’hui. Le terrazzo, du mot italien terrasse, a été créé par des tra­vailleurs vénitiens qui ont trouvé une autre utilité pour des restants de marbre provenant de retailles de différentes dimensions d’une variété de pièces fabriquées sur mesure. Les gens qui concevaient ces plan­chers de terrazzo étaient considérés comme des artistes et compo­saient un petit groupe de l’art du Mureri. Ce n’est qu’en 1579 que l’institution suprême de la République de Venise reconnut son bien-fondé et en fit un véritable métier. Au cours de cette année, la Marie­gola dei Terrazeri a été établie et incluait une liste dressant les noms des artisans et des apprentis qualifiés dans l’installation de planchers de terrazzo. Considéré comme une forme d’art, le terrazzo fut installé dans les édifices d’État, dont bon nombre de palais, de résidences pour les rois et pour les princesses d’Europe, voire même au Vatican. Vers la fin du 18e siècle, cet art a été introduit en Amérique du Nord grâce à l’arrivée de compétents immigrants européens.

Bien que le terrazzo bénéficie aujourd’hui de tout l’avancement tech­nologique en matière de techniques de pose et d’une grande variété d’agrégats, il n’en demeure pas moins que ses atouts naturels, soit sa beauté et sa durabilité, sont, encore de nos jours, tout aussi notables. Il est utilisé pour plusieurs projets, autant dans les petits espaces dans le but de créer des effets spéciaux, que pour des projets de grande envergure. Avec les récentes avancées, l’éventail de couleurs et la variété des agrégats disponibles, le système de plancher de ter­razzo se prête plus que jamais à un vaste choix d’applications, de tout genre et de tout style.

Quoique l’apparence générale du terrazzo semble la même, les sys­tèmes peuvent différer au-delà de détails visibles. Il existe plusieurs sortes de systèmes de terrazzo, lesquels sont tout premièrement clas­sés selon le genre de liant utilisé pour retenir les agrégats ensemble, notamment le ciment, l’acrylique (polyacrylate) ou encore, la résine époxydique. Dans la catégorie du procédé avec ciment, il existe de nombreux systèmes dont l’épaisseur varie de 12 mm à 75 mm et qui sont définis selon le genre de sous-finition.

Puis il y a des composés liants à base de résines époxydiques et à base de résines acryliques. Ceux-ci ont permis l’élaboration d’un sys­tème de matrice mince de terrazzo dont l’épaisseur varie de 6 mm à 10 mm. Ces systèmes sont plus légers, plus faciles et également plus rapides à installer. En raison de leur profil mince, ils sont parfaits pour les travaux de rénovation ou de restauration. Les autres finitions de plancher, tels les carreaux de céramique ou le tapis, posés dans les nouvelles constructions, peuvent facilement se juxtaposer sans devoir réduire l’épaisseur du béton en conséquence. L’avancement technologique en matière de résine de polymère en fait aujourd’hui des systèmes libres de solvant, ne dégageant presque aucune odeur, les rendant ainsi plus intéressants et conviviaux que par le passé.

Chaque système offre ses avantages et ses caractéristiques de per­formance respectifs en fonction des exigences des différentes mé­thodes de construction. Les systèmes peuvent être désolarisés (non adhérés), adhérés, adhérés avec de la résine époxydique, semi-véni­tiens, vénitiens et rustiques.

Le terrazzo a toujours été reconnu pour sa durabilité et sa grande élé­gance. Depuis toujours, il a été utilisé comme système de plancher dans les immeubles commerciaux, les hôpitaux, les bureaux, les églises et les aéroports. Il était considéré comme un matériau de sol de premier choix dans l’industrie de la construction commerciale dès les années 1950 et jusqu’au début des années 60. Des études indé­pendantes ont démontré que la somme du coût initial, du coût de remplacement et du coût d’entretien sur une période de 10 ans fait du terrazzo un système de plancher moins dispendieux que la plupart des autres systèmes de finition de plancher. Lorsque ces mêmes cri­tères sont étudiés sur une période de 40 ans, le terrazzo est, encore une fois, beaucoup moins onéreux que la plupart des autres maté­riaux de recouvrement de plancher.

Vous devez savoir qu’il existe peu de compagnies qui travaillent avec le terrazzo. L’une d’entre elles, Carrelages de Montréal ltée, installe, entre autres, des planchers de terrazzo depuis plus de 40 ans. J’ai voulu en apprendre plus sur cette entreprise lors d’une rencontre Benoit Giroux, président, et André Giguère, directeur de projets. « Au début, les projets consistaient à des ouvrages de terrazzo cimentaire dans les écoles, les hôpitaux et les centres commerciaux, mentionne le président, puis le terrazzo époxydique, introduit il y a environ 20 ans, compte maintenant pour 80 % des demandes de soumissions de projets en terrazzo. »

Selon eux, ce qui distingue l’un de l’autre est que le terrazzo cimen­taire est encore considéré comme un matériau noble. On le retrouve dans les musées (et même au Parlement de Québec). Cependant, les plaques doivent être contenues dans un espacement d’un maximum de 1,5 m. Par contre, le terrazzo époxydique permet un espacement beau­coup plus grand. Cependant, c’est surtout en raison du nombre de couleurs que le terrazzo époxydique est davantage prisé puisque la matrice époxydique permet un choix de couleurs pratiquement illimité.

Il faut aussi savoir que le terrazzo cimentaire requiert l’application d’une chape de mortier, l’installation de profilés de transition de métal, puis la matrice cimentaire est coulée à au moins 19 mm d’épaisseur (16 mm une fois polie). Le terrazzo époxydique demande la préparation de support (généralement une application d’une chape de sous-finition autolissante) lorsque la planéité est en dehors des to­lérances nécessaires. Le temps de mélange est un peu plus rapide pour l’époxy puisque l’épaisseur d’application est moindre (générale­ment 6 à 9 mm). Les étapes de polissage sont sensiblement les mêmes, tout comme les équipements utilisés.

Pour les installations verticales (comme les plinthes remontées), le terrazzo cimentaire est plus adapté pour une exécution au chantier puisque la consistance peut être ajustée. Il faut savoir que la ten­dance depuis quelques années est de préfabriquer de tels éléments dans un atelier et de les installer au chantier. Une fois les étapes de polissage terminées, le plancher tout comme les éléments verticaux peuvent être parfaitement intégrés les uns aux autres.

Comme toutes les surfaces, le terrazzo demande un entretien routi­nier. Ainsi, l’apparence d’un terrazzo cimentaire doit être rafraîchie en profondeur environ tous les deux ans. Il doit être conséquemment dé­capé, scellé de nouveau et finalement recevoir une application de couche de cire. Le terrazzo époxydique, une fois protégé avec de bons produits, ne requiert généralement qu’un bon entretien routinier.

Note : Certains passages de cet article sont tirés du Guide 09 66 00 sur le Terrazzo de l’ACTTM (Association canadienne de terrazzo, tuile et marbre) disponible au www.ttmac.com

Je leur ai demandé qu’elle est le projet de terrazzo qui les rend le plus fiers. Sans hésiter, ils ont mentionné le projet de l’agora du pa­villon d’accueil de l’Assemblée nationale. Pour ce projet, le terrazzo cimentaire fut choisi pour sa richesse, tout comme le fait qu’il y avait déjà du terrazzo dans le projet. L’agora est l’endroit où les visiteurs se retrouvent avant de commencer la visite guidée du Parlement. L’ar­chitecte responsable du projet souhaitait créer une expérience d’ex­ception1

Les travaux de terrazzo ont duré une année et jusqu’à huit employés y ont travaillé! La complexité du travail, comme les photos en témoi­gnent, se situait sur le plan des innombrables détails. Par exemple l’ouvrage consistait, entre autres choses, en 23 sections toutes diffé­rentes (d’une largeur allant de 75 cm jusqu’à 0). Vous conviendrez avec moi que c’est plutôt réussi!

Sans surprise, Benoit me mentionna que ce qu’il recherche, tout comme son équipe, ce sont des projets comportant des défis techno­logiques. Ce qui distingue Carrelages de Montréal, à son avis, c’est que le personnel au bureau comme celui au chantier sont des per­sonnes hautement qualifiées et passionnées qui adhérent pleinement aux valeurs de la compagnie qui, sont la qualité et le service.

Depuis ses débuts dans l’Antiquité, le terrazzo est encore aujourd’hui considéré comme un judicieux choix de plancher contemporain pour les immeubles modernes. Depuis les dernières années, les nouvelles couleurs, les agrégats naturels, les agrégats de verre ainsi que l’ajout de particules de métal ou autres matériaux, ont contribué à rehausser l’apparence du terrazzo. Les améliorations en matière de composés expliquent toujours la popularité du terrazzo en tant que système de plancher de qualité pour les endroits commerciaux exposés à la cir­culation lourde et permettent dans la majorité des installations de créer des effets attrayants.

Des colonnes somptueuses rehaussées de terrazzo époxy­dique fabriquées en atelier et assemblées et travaillées sur place.

Puis, il y a le bar de l’hôtel. Une pièce inédite aussi fabri-quée en terrazzo offrant un coup d’oeil d’une grande élé­gance à sa clientèle. Il va sans dire que les solutions développées pour sa fabrication sont un secret bien gardé.